lundi 6 juillet 2009

Hue



Günter Grass, Le tambour, traduction Jean Amsler :
« Répétant sans arrêt : “On va ben voir” et “ben voir un peu”, le docker continua de haler la corde, mais avec un effort accru, il descendit les pierres au-devant de la corde et tendit la main — maman ne se détourna pas assez tôt — d’un geste large vers l’échancrure gargouillante du granit, chercha, saisit quelque chose, raffermit sa prise, tira et réclamant à grands cris place libre balança à la volée, au milieu de nous, quelque chose de lourd qui ruisselait, un paquet de vie jaillissante : une tête de cheval, une tête de cheval fraîche, comme authentique, la tête d’un cheval noir, une tête de moreau à crinière noire donc qui hier encore, avant-hier encore pouvait avoir henni ; car la tête n’était pas pourrie, ne sentait rien, tout au plus l’eau de la Mottlau ; mais tout sur le môle sentait cela.
Déjà l’homme à la casquette de docker — à présent il l’avait rejetée sur la nuque — se tenait jambes écartées au-dessus du morceau de carcan, hors duquel surgissaient furieusement de petites anguilles vert clair. L’homme avait de la peine à les attraper ; car des anguilles, sur des pierres lisses et par-dessus le marché humides, se meuvent vite et adroitement. En même temps, aussitôt, les mouettes et les cris de mouettes furent sur nous. Elles plongeaient, se mettaient à trois ou quatre pour attraper une anguille petite ou moyenne ; elles ne se laissaient pas chasser ; le môle était à elles. Pourtant le docker réussit, en tapant à tour de bras et en plongeant les mains parmi les mouettes, à mettre deux douzaines peut-être de petites anguilles dans le sac que Matzerath, serviable comme il s’en donnait volontiers l’air, lui tenait. De la sorte il ne put voir maman pâlir à la manière d’un fromage blanc et, tout de suite après, appuyer la tête sur l’épaule de Jan et sur le col de velours.
Mais une fois les anguilles petites et moyennes dans le sac, le docker, de qui la casquette était tombée par terre au cours de ce travail, commença à extraire du cadavre des anguilles plus grosses, de couleur sombre. Alors maman dut s’asseoir, Jan voulut lui détourner la tête, mais elle ne se laissa pas faire et continua furieusement de darder un regard globuleux de vache sur l’autopsie grouillante à laquelle procédait le docker.
“Voyons voir”, haletait-il par intervalles. “Eh ben on va regarder.” En s’aidant de sa botte d’égoutier, il entrebâilla la bouche du cheval et fourra un gourdin entre les mâchoires de telle sorte qu’une impression se forma : toute la denture jaune de la bête éclatait de rire. Et quand le docker — maintenant on voyait que par le haut il était chauve et ovoïde — plongea les deux mains dans le gosier et en tira d’un seul coup deux anguilles, grosses au moins comme le bras et aussi longues, maman aussi en eut la gueule ouverte : elle rejeta tout son déjeuner, albumine grumeleuse et jaune d’œuf qui s’étirait en fils parmi des flocons de pain blanc baignés de café au lait, sur les pierres du môle. Elle était encore agitée de spasmes, mais plus rien ne venait ; elle n’avait pas tellement mangé au petit déjeuner, parce qu’elle avait du poids en trop et voulait absolument maigrir. Elle essayait pour ce motif toutes sortes de régimes qu’elle suivait rarement — elle mangeait en cachette — et il n’y avait qu’une chose à laquelle elle se tînt : la gymnastique du mardi à l’Organisation féminine, bien que Jan et même Matzerath la prissent à la rigolade quand, avec son sac de sport, elle allait chez ses rombières grotesques, travaillait, en satin bleu, aux massues et cependant ne maigrissait pas.
Cette fois-là, maman avait au plus craché une demi-livre sur les pierres et elle eut beau se forcer elle ne parvint pas à perdre davantage. Ce qui venait encore n’était que mucosités verdâtres — mais les mouettes vinrent aussi. Elles étaient déjà sur place quand elle se mit à vomir ; elles viraient plus bas, se laissaient tomber avec un “flac” gras, se battaient pour le déjeuner de maman ; elles n’avaient pas peur de prendre du poids. Il n’y avait pas moyen de les chasser — qui l’aurait pu ? — tandis que Jan Bronski en avait peur et tenait ses mains sur ses beaux yeux bleux. »

1 commentaire:

Anonyme a dit…

VIOLENCES+VOL :
Ceci est une tentative de gros scandale public parce que ça calme pas mal les gros connards en attendant de trouver enfin un avocat qui réglera ce problème de non respect de mes droits les plus élémentaires et je le conseille à chacun qui peut avoir des ennuis avec ce gros connard de sarkozy ou sa clique de clowns de flics minables : je suis donc en train de régler un petit problème du genre détail avec cette grosse tache de si peu président de la république Française, en lui envoyant un avocat pour mises sous surveillance illégales, lynchage numérique inspiré de bonnes vieilles méthodes qui ne déplairaient pas au ku klux klan, lynchage qui n'a mobilisé personne sur le web ou dans la presse et plagiat, par une grosse pouffe, vulgaire et ridicule et qui passe à la télé, de mes petits textes web.

Quant a sarkozy, s'il n'aime pas le web, et s'il n'aime pas la rue qui sait, la preuve, très bien se défendre, qu'il la quitte !


nina - blog etc